
la fête est permanente / the eternal network
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Commissaire de l'exposition: Florence Derieux
Oeuvres de Saâdane Afif, John Bock, Martin Boyce, Chris Burden, Tom Burr, Stéphane Calais, Claude Closky, Erik Dietman, Willie Doherty, Jimmie Durham, Eric Duyckaerts, Robert Filliou, Ceal Floyer, Michel François, Aurélien Froment, Jef Geys, Dan Graham, Rodney Graham, Raymond Hains, Richard Hamilton & Dieter Roth, Lothar Hempel, Pierre Huyghe, Matthew Day Jackson, Alain Jacquet, Pierre Joseph, Michel Journiac, Robert Malaval, Christian Marclay, Laurent Montaron, Matt Mullican, Philippe Ramette, Joe Scanlan, Ger Van Elk, Julia Wachtel, Jeff Wall, James Welling, Franz West.
L’exposition La fête est permanente, dont le titre fait directement référence à l’artiste Robert Filliou, figure historique majeure dont le FRAC Champagne-Ardenne possède un ensemble d’œuvres important, réunit un choix d’œuvres de la collection. Une invitation à prendre la mesure du travail accompli depuis la création du FRAC Champagne-Ardenne en 1984, l’exposition s’envisage également comme l’amorce du programme artistique à venir.

ann craven / shadow's moon
> voir le détail> voir les images de l'expositionDu 27 juin au 21 septembre 2008, le FRAC Champagne-Ardenne présente la première exposition monographique en Europe de l’artiste américaine Ann Craven.
L’œuvre d’Ann Craven trouve sa place dans la réflexion de certains artistes américains d’aujourd’hui, tels Wade Guyton, Kelley Walker ou Josh Smith, qui exploitent les potentiels de la surface, et intègrent non seulement la saturation de l’image du monde contemporain, mais aussi les erreurs ou les accidents que la reproduction à l’infini génère immanquablement. Son œuvre est également emprunte d’une grande intériorité spirituelle, une façon d’harmoniser sa pensée, son corps, sa respiration, à une pratique picturale d’une rigueur presque obsessionnelle. Ainsi, bien que l’œuvre s’en distingue formellement, Ann Craven reconnaît l’influence d’artistes tels que Vija Celmins, Allan McCollum ou encore Agnes Martin dont l’exigence de précision dans la pratique artistique est inséparable du rythme physiologique de leur vie.
Ann Craven est peintre, fondamentalement. Elle peint la lune. Parfois aussi des oiseaux, des fleurs, des biches, ou des bandes de couleur diagonales. Elle peint 400 lunes, non pas comme un éphéméride, mais comme si la lumière pâle de ce visage éternel appelait des êtres chers, lointains ou disparus, dans une rêverie nocturne où le pinceau serait maître de cérémonie. Les œuvres portent silencieusement cette charge affective. Puis l’artiste recopie ces mêmes lunes, pour tordre le cou à la revendication persistante de la peinture qui veut toujours faire son originale. Elle peint des sujets désuets, car elle connaît la puissance symbolique des images qui nous accompagnent, même parmi les plus insignifiantes : les images sans contenu que nos grand-mères gardent sans raisons véritables, les bons-points que l’écolier punaise fièrement dans sa chambre… Ses séries d’oiseaux ou de fleurs déclinent sans fin le rapport essentiel de la peinture entre le fond et la forme, la vibration de couleurs éblouissantes comme autant de signes du temps. Lorsqu’une couleur est appliquée, Ann Craven trace une diagonale sur une autre toile, mélangeant son pinceau à sa palette, sa palette qui elle-même est une toile. Rien ne se perd, tout « fait peinture », et toute peinture est d’égale importance à ses yeux, qu’elle soit copie, originale, support de couleur, bandes abstraites, oiseau sur la branche.
L’exposition d’Ann Craven fait suite à sa résidence à la Chaudronnerie du Lycée Val de Murigny, dans le cadre du partenariat que le FRAC a mis en place avec cet établissement. Une publication consacrée à ce projet sera prochainement publiée aux éditions JRP|Ringier.

aurélien froment / en abrégé
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Le FRAC Champagne-Ardenne présente En abrégé, une exposition d’Aurélien Froment (né en 1976 à Angers). Cet artiste développe, à partir d’une pratique protéiforme (photographie, vidéo, installation, sculpture, édition…), une œuvre homogène au sein de laquelle différents éléments structurent une réflexion sur l’image et la façon dont celle-ci se constitue à la fois dans le temps et dans l’espace. À l’instar du prestidigitateur qui apparaît dans la vidéo Théâtre de poche (2007), Aurélien Froment crée un univers très personnel dans lequel ses œuvres répondent les unes aux autres et placent le visiteur dans une sorte de jeu de l’esprit, à la manière d’un film à épisodes où « il est toujours possible de prendre une pièce comme point de départ et de la relier par différents degrés de séparation à une autre pièce ».
L’exposition En abrégé est conçue comme un espace où les technologies de l’image – et les gestes qui en découlent – sont mises en perspective, se superposent, se distinguent, s’influencent et se combinent.
Préfigurant l’illusion cinématographique et exploitant par-là même la théorie de la persistance rétinienne, le thaumatrope (du grec thauma, prodige, et tropion, tourner) est un jouet optique inventé vers 1825 qui permet à deux images imprimées recto/verso de se superposer et se mélanger. Le carton d’invitation de l’exposition illustre cette idée selon laquelle deux images peuvent en créer une troisième.
Un entretien est diffusé en fond sonore de l’exposition : on y entend le magicien Benoit Rosemont parler de l’un de ses numéros de « mémoire prodigieuse ». Il explique sa technique de mémorisation, qui repose sur l’association de chiffres à des images et de ces images à d’autres images. Grâce à une table de rappel, Benoît Rosemont forme des images mentales qui lui permettent de mémoriser instantanément tout type d’information.
En écho, Who Here Listens to BBC News On Friday Night ? (2008) emprunte son titre à une phrase mnémotechnique utilisée pour se souvenir des deux premières lignes de la table de classification des éléments établie par le chimiste russe Mendeleïev (Hydrogène, Helium, Lithium, Béryllium, Bore, Carbone, Nitrogène, Oxygène, Fluorine, Néon). Composée de 52 paires de cartes imprimées, cette installation propose au visiteur un jeu de Memory : les images disposées sur la table représentent certains des éléments présents dans l’exposition sous la forme d’images-clés. Imprimées en double, ces images peuvent être retournées deux par deux afin de reconstituer des paires. Reposant sur l’identification des motifs représentés et la mémorisation de l’emplacement des cartes retournées, cette manipulation n’obéit à aucun mode d’emploi : la grille qui figure sur le plateau de verre est une promesse d’autres possibilités quant à l’usage des images une fois toutes retournées.
Enfin, avec Balance des blancs (2007), Aurélien Froment utilise un projecteur 35mm/16mm dont le faisceau lumineux est comme « annulé » par l’éclairage de la salle d’exposition. Le dispositif de projection cinématographique devenant ainsi un modèle d’exposition, l’artiste suggère que c’est ici l’exposition qui fait film.
Chacune des œuvres présentées au FRAC Champagne-Ardenne contient un ou plusieurs éléments constitutifs des autres, comme un jeu de poupées russes un peu particulier : un jeu dans lequel le plus petit des éléments pourrait contenir l’ensemble, un ensemble d’abrégés.

gedi sibony / if surrounded by foxes
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Du 7 mai au 15 juin 2008, le FRAC Champagne-Ardenne présente la première exposition personnelle dans une institution française de l’artiste new-yorkais Gedi Sibony. À cette occasion, l’artiste présente sculptures et installations qui rendent compte d’une esthétique en filigrane caractérisée par une utilisation physique des formes et des matériaux : carton, bois, moquette, gaines en plastique ou peinture latex sont incorporés à l’architecture de la salle d’exposition. L’interaction entre ces « matériaux sans qualité » aboutit à des arrangements fragiles allant bien au-delà de leurs simples propriétés tactiles.
L’univers proposé par Gedi Sibony prend en considération les dimensions cachées de l’espace : non seulement la mesure, les proportions, le style, l’histoire, mais aussi les imperfections, les interstices, les lumières – celles qui traversent comme celles qui habitent le lieu – la résonance, la vie de l’institution, l’administration, les visiteurs, la femme de ménage, le chien du gardien, et tout l’ensemble des possibles.
Les « collages spatiaux » de Gedi Sibony jouent avec la frontière entre l’apparence même de l’objet et ce qui pourrait constituer des installations. Une fois agencés par l’artiste, ces matériaux pauvres et banals culminent dans un climax spectaculaire. Tel le résultat de signes obtenus, de dislocations minimales ou d’autres moments sensoriels, une nouvelle constitution de l’espace est articulée. Pourtant, Gedi Sibony évite de prédéterminer un quelconque discours pré-établi ou d’offrir une lecture simplifiée de ce qui est exposé.
La posture artistique de Gedi Sibony est très singulière. Il passe sans cesse d’un grand sérieux à une grande légèreté, d’une recherche fondamentale à une nonchalance amusée, d’une imprégnation des fables de Tchouang-tseu à l’humour de Buster Keaton. Sa démarche créatrice est fondamentalement non-discriminante, fidèle à un principe d’égalité des valeurs. Il peut envisager un autre ordre du monde, dans lequel le surgissement de l’imprévu ne ferait plus désordre, comme dans un jardin sauvage.
Né en 1973 à New York, où il vit et travaille, Gedi Sibony a été le lauréat 2006 du Metcalf Award décerné par l’Académie américaine des Arts et des Lettres. Il a entre autres exposé au Midway contemporary art center à Minneapolis en 2006, et lors de la réouverture du New Museum de New York en 2007. Son travail a fait l’objet d’une exposition monographique à la Kunst Halle Sankt Gallen en Suisse à l’automne 2007.
Parallèlement à cette exposition, un catalogue sera publié en partenariat avec le FRAC Champagne-Ardenne, la Kunst Halle Sankt Gallen (Suisse) et le Contemporary Art Museum St. Louis (Etats-Unis).

melvin moti / the prisoner's cinema
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Du 7 mai au 15 juin 2008, le FRAC Champagne-Ardenne présente la première exposition en France de l’artiste néerlandais Melvin Moti, dont la pratique relève principalement des champs du cinéma et de la vidéo. Chacun de ses films est le fruit d’une lente et minutieuse recherche documentaire à laquelle l’artiste va conférer une dimension poétique et personnelle.
À travers une étude des mécanismes de l’histoire, Melvin Moti propose une relecture personnelle de faits historiques où le son et l’oralité jouent un rôle prédominant. Si les images relèvent le plus souvent du non-spectaculaire, la bande son est quant à elle toujours chargée d’une signification autre qui en dégage une nouvelle perspective.
Ainsi, dans Stories from Surinam, 2002, l’artiste part à la recherche de ses racines à travers l’histoire de 34 000 ouvriers indiens qui, entre 1873 et 1916, ont quitté l’Inde pour rejoindre les plantations hollandaises du Surinam. En entremêlant diverses anecdotes personnelles qu’il a glané ici et là, la structure du film laisse un espace d’expression à l’oralité, à qui les perspectives sociales et historiques proposées par les livres laissent peu de chance de survie.
Chacun des projets menés par Melvin Moti est empreint d’une rigueur qui met à jour une qualité aux limites de l’abstraction. L’artiste a grandi dans les années 1980 et 1990 – décennies de surabondance de signes visuels, ce qui a affiné son rapport aux images. Il déclare que « la profusion provoque surtout une sensation d’ennui » et qu’il a « toujours été fasciné par la simplicité et par l’abstraction associées à cette simplicité. » C’est justement cette qualité déchargée d’éléments superflus qui teinte No Show, film réalisé en 2004 et qui raconte une visité guidée insolite du musée de l’Ermitage. Lorsqu’en 1941, la collection de l’Ermitage a été démontée à la hâte, seuls les cadres vides sont restés accrochés aux murs du musée. En 1943, Pavel Gubchevsky organisait des visites guidées pour des groupes de soldats à travers le musée ainsi dépouillé, le long des murs aveugles. Le film oscille ainsi entre faits réels et pure imagination.
Melvin Moti présentera au Frac Champagne-Ardenne The Prisoner’s Cinema, œuvre inédite au format cinéma 35mm produite pour l’occasion. Ce film rend compte d’un phénomène visuel rapporté par des prisonniers enfermés longtemps dans des cellules sombres. Egalement relaté par des camionneurs et des pilotes de ligne, ce phénomène entoptique est la conséquence d’un enfermement de longue durée dans un espace clos qu’aucune information visuelle externe ne vient perturber. Cette vision – ou « cinéma » – consiste en des lumières surgissant de l’obscurité, dans des couleurs et formes géométriques variées. Ces formes lumineuses sont comme projetées face au sujet qui devient ainsi le réalisateur de son propre film.
The Prisoner’s Cinema consiste en des images abstraites de rayons de lumière à travers un vitrail d’église, accompagné de la bande son d’un scientifique décrivant sa vision après avoir été privée de ses sens pendant plusieurs jours. L’étude et les recherches effectuées par Melvin Moti sur cet effet physiologique lui ont pris environ un an. Ce film rend compte de ces formes lumineuses projetées, mises en perspective avec le formalisme, la mémoire et l’histoire.
Lauréat du J.C. van Lanschot Prijs voor Beeldende Kunst 2006, Melvin Moti (né en 1977 à Rotterdam) a récemment présenté son travail au Stedelijk Museum d’Amsterdam (2007), au Mukha d’Anvers (2008), à la Biennale de Moscou (2007) ou encore au Brooklyn Museum à New York (2007).

le dernier qui parle
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Oeuvres de Pawel Althamer, Fayçal Baghriche, Stéphane Bérard, Nicolas Boulard, Jean-Marc Chapoulie, Michel François, Jean-Charles Hue, Douglas Gordon, André S. Labarthe, Louise Lawler, Pierre Leguillon, François Lemire, Robert Milin, Jonathan Monk, Thierry Mouillé, Roman Ondak, Raphaël Zarka.
Du 18 janvier au 30 mars 2008, le FRAC Champagne-Ardenne est Le dernier qui parle, une exposition réactive sur les notions d'appropriation, de citation, de frontière entre originalité et plagiat, de reconnaissance, d'hybridité des genres et des disciplines, en opposition à la surlégifération grandissante du droit d'auteur.
Grâce à des lois censées protéger les artistes, créer est devenu le mode le plus simple d'accession à la propriété. Pourtant les créateurs continuent à vivre dans le dénuement, alors même que des modes de rétribution liés aux droits d'auteurs se sont généralisés dans des domaines parfois très éloignés de la création. Le législateur peine à se rendre compte de ce qui relève d'une conscience artistique assumée, ou de la pertinence d'un texte, d'une image, d'un objet qui affirme sa singularité dans l'emprunt des formes d'un autre.
Cette exposition tente d'échapper à la morosité et au catastrophisme qui entourent ces questions. Saisis de ce désir d'ouverture, trois commissaires indépendants, Jean-Marc Chapoulie, Pierre Leguillon et Daniel McClean ont confronté leurs horizons et points de vue, créant une zone de pensée, de réaction et de création dont l'exposition Le dernier qui parle est le point d'orgue. Il ne s'agit pas de dresser un bilan des dérives nombreuses du droit d'auteur, mais d'inventer de nouveaux espaces d'observation du monde et de la pensée.
Jean-Marc Chapoulie porte depuis de nombreuses années un regard transversal et lumineux sur l'image en mouvement, qu'il exprime comme un projectionniste forain dans ses séances de l'Alchimicinéma, ou encore par des films comme TDF06 où les images télévisuelles du tour de France sont bonnement épurées de tout ce qui concerne le vélo. Il envisage l'exposition, et l'institution d'art en général, comme un marché aux voleurs, un lieu de recel où l'œuvre d'art s'affirme par essence comme un objet douteux. Pour lui, la notion .d'originalité. n'est tout simplement plus d'actualité.
Critique et artiste, Pierre Leguillon occupe depuis quelques années un espace qu'il souhaite résolument intermédiaire et donne bien du mal aux tenants de la professionnalisation de l'art. Il oriente sa réflexion en partant des images originales qui ont inspiré ses fameux Diaporamas qu'il présente depuis plus de dix ans, pour lesquels le regard et l'association d'idées sont considérés comme des actes à part entière. Pierre Leguillon pense à juste titre que la meilleure réponse à la revendication autoritaire est d'appliquer sa logique jusqu'à la confusion et la perte salutaire.
Daniel McClean, à la fois avocat spécialisé dans le droit d'auteur et commissaire d'exposition indépendant, est l'auteur d'une exposition, accompagnée d'une somme éditoriale, intitulée Dear Images: art, copyright and culture présentée en 2002 à l'ICA de Londres. Sa réflexion porte sur des propositions conceptuelles d'artistes liées à une histoire à écrire du rendez-vous artistique, échappant ainsi tant aux notions d'objets, d'espace et de temps de l'art, comme pour se libérer des contraintes matérielles où s'inscrivent l'affirmation "auteuritaire" du Dernier qui parle.