
Monts Analogues
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Plus de 40 artistes réuni·es autour de René Daumal : Ellie Antoniou, Béatrice Balcou, Rosa Barba, Hélène Bellenger, Simone Boisecq, Gaëlle Choisne, Clément Cogitore, Guillaume Constantin, Eric Croes, René Daumal, Simon Demeuter, Quentin Derouet, Kim Détraux, Luc Dietrich, Julien Discrit, Jimmie Durham, Anne Goujaud, Nancy Graves, Raymond Hains, Manon Harrois, Charles Hascoët, Maurice Henry, Tom Ireland, Florence Jung, Kapwani Kiwanga, Laura Lamiel, Charles Lopez, Nina Beier & Marie Lund, Bibi Manavi, Laurent Montaron, Otobong Nkanga, Philippe Parreno, David Posth-Kohler, David Renaud, Karine Rougier, Joseph Sima, Soundwalk Collective avec Patti Smith, Stéphanie Solinas, Julien Tiberi, Trevor Yeung
Commissaires de l’exposition : Boris Bergmann, auteur et Marie Griffay, directrice du FRAC Champagne-Ardenne
Le FRAC Champagne-Ardenne vous présente une grande exposition collective, consacrée au Mont Analogue, un récit de l’auteur rémois René Daumal (1908-1944). Mêlant art et littérature, l’exposition célèbre l’influence de René Daumal — et en particulier celle de son dernier livre, Le Mont Analogue — sur les artistes de son époque et d’aujourd’hui.
Imaginée comme une expédition, l’exposition reprend les grands thèmes du livre : communauté poétique, foi individuelle et foi collective, élévation vers un sommet intime et secret. Portée par le récit de Daumal et les lectures personnelles qu’en font les artistes, l’exposition nous invite à trouver en nous-même cet accès au Mont Analogue.
Le Mont Analogue est un livre magique, qui accompagne et guide l’existence de celle ou de celui qui, par sa lecture, prend part à la quête de Daumal. Le récit initiatique montre qu’il existe un lien géographique, un passage entre la Terre et le Ciel, entre nos certitudes et ce qui nous dépasse, une montagne gigantesque, à la fois accessible et masquée : Le Mont Analogue. La règle est simple : pour le voir, il faut y croire.
Pour Boris Bergmann, co-commissaire de l’exposition : « Le Mont Analogue n’est pas seulement un texte littéraire important. Il a aussi servi de repère à plusieurs générations d’artistes, à l’instar de la chanteuse et poète Patti Smith, du plasticien et réalisateur Philippe Parreno mais aussi à toute une jeune génération d’artistes de tous les pays. Peintres, musiciens, sculpteurs ou cinéastes : tous ont lu et aimé Le Mont Analogue, tous s’en sont servi comme d’une source d’inspiration. Un passage secret vers la création. Un point de ralliement. Une boussole qui indique d’autres Nords. Il fallait les réunir. À Reims, ville où Daumal, adolescent, fonda le plus radical des groupes littéraires. Le Grand Jeu fut la genèse de Daumal, Le Mont Analogue son aboutissement. Dans les deux cas, la quête de liberté passe par l’expérience intérieure et poétique, par la constitution d’une communauté. »
Comme René Daumal l’écrit lui-même : « du fait que nous sommes deux, tout change ; la tâche ne devient pas deux fois plus facile, non : d’impossible elle devient possible » (1).
Selon Marie Griffay, co-commissaire de l’exposition : « Pour imaginer cette exposition-expédition, nous avons mené nos recherches en cercles concentriques, dans les ateliers d’artistes, les archives, les catalogues, les fonds et collections, avec l’intuition que les œuvres présentées à Reims devaient provenir de l’entourage direct, du point de départ du parcours littéraire et artistique de Daumal. Nous avons ainsi rassemblé une centaine d’œuvres, réalisées par une quarantaine d’artistes, avec l’idée de construire une exposition qui explore la capacité des humains à se réunir pour faire ensemble. »
Aux côtés d’artistes connus et reconnus, comme Patti Smith — qui présente les films réalisés avec Soundwalk Collective issus de leur dernier album, Peradam, directement inspiré de Daumal — ou Philippe Parreno — dont l’œuvre Mont Analogue retranscrit en pulsations lumineuses et saccadées le texte de Daumal, se trouve aussi toute une jeune génération d’artistes toujours plus nombreux·ses à lire et aimer Daumal. Le FRAC les a invité·es à produire de nouvelles œuvres spécialement pour l’occasion ; sont ainsi présentés des peintures inédites de Karine Rougier et de Simon Demeuter, de nouveaux totems en céramique d’Eric Croes ; sont aussi réactivées des œuvres de Charles Lopez, Florence Jung, Quentin Derouet et Hélène Bellenger.
Les œuvres d’artistes modernes figurent aux côtés de ces nouvelles productions grâce à des prêts exceptionnels du Musée des Beaux-Arts de Reims, de la Bibliothèque Carnegie et du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, qui permettent de redécouvrir les œuvres de Simone Boisecq, René Daumal, Luc Dietrich, Maurice Henry et de Joseph Sima dans un voisinage inédit. Des œuvres de la collection du FRAC viennent compléter les visions du Mont Analogue parmi lesquelles celles de Rosa Barba, Gaëlle Choisne, Jimmie Durham, Anne Goujaud, Raymond Hains, Manon Harrois, Tom Ireland, David Posth-Kohler, David Renaud et Julien Tiberi.
Cette quête renouvelée du Mont Analogue bénéfice aussi de nombreux prêts d’artistes, de galeristes, d’autres FRAC et d’institutions qui permettent de découvrir les œuvres de : Ellie Antoniou, Béatrice Balcou, Clément Cogitore, Guillaume Constantin, Kim Détraux, Julien Discrit, Nancy Graves, Charles Hascoët, Kapwani Kiwanga, Laura Lamiel, Nina Beier & Marie Lund, Bibi Manavi, Laurent Montaron, Otobong Nkanga, Stéphanie Solinas et de Trevor Yeung.
Portée par l’aura de Daumal et les lectures intimes de chacun·e des artistes invité·es, l’exposition n’a qu’un seul but : nous permettre d’aller chercher en nous-même cet accès au Mont Analogue, ce possible qui permet de tout voir, tout créer. Tout être.
(1) : René Daumal, Le Mont Analogue, Paris, Gallimard, coll. « L’imaginaire », 1981, [première édition : 1952], p. 41.

Cathy Josefowitz & Susie Green / Empty rooms full of love
> voir le détail> voir les images de l'expositionDu 19 mai au 22 août 2021
Commissaires de l’exposition : Bettina Moriceau Maillard, directrice de l’association Les Amis de Cathy Josefowitz et Marie Griffay, directrice du FRAC
Exposition réalisée avec le soutien de Fluxus Art Projects.
Le FRAC Champagne-Ardenne présente la première exposition institutionnelle en France de l’artiste suisse Cathy Josefowitz (1956, New York - 2014, Genève) et de l’artiste anglaise Susie Green (née en 1979). Empty rooms full of love orchestre la rencontre inédite de deux œuvres qui partagent une affinité de médiums - peinture, dessin, collage, performance, musique - et explorent les thèmes de l’altérité et du déguisement, notamment par le recours aux artifices du monde du spectacle, et du rapport au corps, à travers le cheminement intime de la quête de soi. Ce parcours croisé met en lumière deux démarches artistiques puissantes et sensibles sur l’émancipation des corps à travers le regard de deux générations d’artistes femmes.
La première partie de l’exposition, peuplée de personnages déguisés, amplifiés, décorés par les artistes et d’avatars d’elles-mêmes, nous plonge au cœur d’un jeu de regards. Elle prend la forme d’une scène de théâtre où acrobates, marionnettes, pantins et figures inspirées de la commedia dell’arte, dansent, courent et glissent sur le sol. Si le registre est heureux, l’expression de certains personnages révèlent une certaine mélancolie : « Il s’agit de libérer, grâce à ce simple jeu d’apparences que l'on joue ou auquel on se laisse prendre, une part cachée ou brimée de nous-même »[1].
Dans la seconde partie de l’exposition, la relation charnelle est vécue comme une expérience spirituelle qui permet de se retrouver. S’opère alors un glissement, une transformation de l’être, manifeste dans les œuvres des artistes. Les peintures et carnets de Cathy Josefowitz sur le Kamasutra et les dessins et peintures érotiques de Susie Green font place à des représentions abstraites. Les personnages de Susie Green se sont évaporés, transformés par la rencontre sexuelle en énergie, tandis que les ciels colorés de Cathy Josefowitz figurent la métamorphose des pensées en émotions. La fin de ce second chapitre nous mène à l’extase avec une installation vidéo hypnotique coréalisée par Kim Coleman et Susie Green.
Empty rooms full of love est une invitation à se laisser imprégner par le female gaze, ce regard qui décrit une expérience féminine du monde et auquel tou·te·s peuvent s’identifier. Que signifie habiter le corps d’une femme, en faire l'expérience voire le dépasser ? Est-ce que les espaces vides remplis d’amour – du titre de l’exposition tiré d’un des nombreux carnets de Cathy Josefowitz - se réfèrent à des espaces intérieurs, à ceux du corps des femmes ou encore à l’espace muséal ? Celui qui y investit de l’amour est-il celui qui y pénètre, ou celui à qui ce corps-espace appartient ?
L’exposition présente des œuvres co-réalisées par Cathy Josefowitz et Susie Green avec Simon Bayliss, Kim Coleman, Rory Pilgrim, Mara de Witt, Romain Denis, Claire Bushe, Tess McDermott, Cathy Frost, Lisa Halse.
[1] Marguerite Yourcenar à propos de la théorie du jeu de Roger Caillois : L’homme qui aimait les pierres, in « En pèlerin et en étranger. Essais », Paris : Gallimard, 1989