Cathy Josefowitz &
Susie Green, Empty rooms full of Love
Commissaires de l’exposition : Bettina Moriceau Maillard, directrice de l’association Les Amis de Cathy Josefowitz, et Marie Griffay, directrice du FRAC
Le FRAC Champagne-Ardenne présente la première exposition institutionnelle en France de l’artiste suisse Cathy Josefowitz (1956, New York - 2014, Genève) et de l’artiste anglaise Susie Green (née en 1979).
Empty rooms full of love orchestre la rencontre inédite de deux œuvres qui partagent une affinité de médiums - peinture, dessin, collage, performance, musique - et explorent les thèmes de l’altérité et du déguisement, notamment par le recours aux artifices du monde du spectacle, et du rapport au corps, à travers le cheminement intime de la quête de soi. Ce parcours croisé met en lumière deux démarches artistiques puissantes et sensibles sur l’émancipation des corps à travers le regard de deux générations d’artistes femmes.
La première partie de l’exposition, peuplée de personnages déguisés, amplifiés, décorés par les artistes et d’avatars d’elles-mêmes, nous plonge au cœur d’un jeu de regards. Elle prend la forme d’une scène de théâtre où acrobates, marionnettes, pantins et figures inspirées de la commedia dell’arte, dansent, courent et glissent sur le sol. Si le registre est heureux, l’expression de certains personnages révèlent une certaine mélancolie : « Il s’agit de libérer, grâce à ce simple jeu d’apparences que l’on joue ou auquel on se laisse prendre, une part cachée ou brimée de nous-même »1. .
Dans la seconde partie de l’exposition, la relation charnelle est vécue comme une expérience spirituelle qui permet de se retrouver. S’opère alors un glissement, une transformation de l’être, manifeste dans les œuvres des artistes. Les peintures et carnets de Cathy Josefowitz sur le Kamasutra et les dessins et peintures érotiques de Susie Green font place à des représentions abstraites. Les personnages de Susie Green se sont évaporés, transformés par la rencontre sexuelle en énergie, tandis que les ciels colorés de Cathy Josefowitz figurent la métamorphose des pensées en émotions. La fin de ce second chapitre nous mène à l’extase avec une installation vidéo hypnotique coréalisée par Kim Coleman et Susie Green.
Empty rooms full of love est une invitation à se laisser imprégner par le female gaze, ce regard qui décrit une expérience féminine du monde et auquel tou·te·s peuvent s’identifier. Que signifie habiter le corps d’une femme, en faire l’expérience voire le dépasser ? Est-ce que les espaces vides remplis d’amour – du titre de l’exposition tiré d’un des nombreux carnets de Cathy Josefowitz - se réfèrent à des espaces intérieurs, à ceux du corps des femmes ou encore à l’espace muséal ? Celui qui y investit de l’amour est-il celui qui y pénètre, ou celui à qui ce corps-espace appartient ?
L’exposition présente des œuvres co-réalisées par Cathy Josefowitz et Susie Green avec : Simon Bayliss, Kim Coleman, Rory Pilgrim, Mara de Witt, Romain Denis, Claire Bushe, Tess McDermott, Cathy Frost, Lisa Halse.
- Marguerite Yourcenar à propos de la théorie du jeu de Roger Caillois : L’homme qui aimait les pierres, in « En pèlerin et en étranger. Essais », Paris : Gallimard, 1989