FRAC Champagne-Ardenne

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Shell

Shell

Du 7 septembre 2023 au 15 janvier 2024
HORS-LES-MURS

Raymond Hains, Shell, 1987

Vitrine de l’ESAD / Ecole supérieure d’art et de design de Reims / Reims (51)

Œuvre de Raymond Hains

Le FRAC Champagne-Ardenne et l’ESAD de Reims s’associent pour développer tout au long de l’année un programme d’expositions dans la vitrine de l’école, permettant aussi bien l’accompagnement de projets pédagogiques que le développement de projets artistiques pensés spécifiquement pour ce lieu.

Véritable enseigne de station-service Shell, prélevée dans le paysage par l’artiste au détour d’une de ses nombreuses pérégrinations, ce logo connu de toutes et de tous devient ici, à travers son déplacement dans l’espace d’exposition, un signe visuel équivoque. S’il renvoie en effet dans un premier temps à un imaginaire collectif partagé, incarnation de la toute-puissance contemporaine des images, Raymond Hains voyait également dans ces symboles aujourd’hui quasi universels une parenté avec les blasons des chevaliers dont il nourrissait son travail des nombreuses histoires et légendes. Cette coquille Saint-Jacques de plastique coloré en rappelle d’ailleurs une autre, croisée elle aussi sur les routes et chemins, celle des pèlerins de Compostelle qui depuis le Moyen-Age voyagent sur les traces du saint comme Raymond Hains voyageait dans l’Histoire, les mots, la pensée. Sans oublier cependant que celui-ci était également originaire de Saint-Brieuc, ville connue justement pour la pêche à la coquille Saint-Jacques !

L’œuvre et la pensée de Raymond Hains (Saint-Brieuc, 1926 - Paris, 2005) ont considérablement et durablement marqué la création artistique française. Que ce soit dans les premières réalisations photographiques « hypnagogiques » (issues des rêves) proches de l’abstraction, les affiches lacérées, qui l’ont fait connaître, aux côtés des nouveaux réalistes tels que Yves Klein ou Jacques Villeglé, ou encore ses œuvres photographiques textuelles ou ses installations, l’œuvre de Raymond Hains se caractérise par la précision. Il construit un écheveau de similitudes phonétiques ou formelles, de jeux de mots et d’idées, impliquant des champs de la connaissance aussi large que son savoir encyclopédique, qu’il entremêle d’éléments autobiographiques, et crée ainsi une sorte de troisième langage, celui d’une pensée unique en son genre où toutes les dimensions du monde et du savoir sont potentiellement imbriquées, dans une logique personnelle et implacable devant laquelle le·la philosophe comme le·la mathématicien·ne se trouvent désarmé·es. Les œuvres de Raymond Hains se veulent ainsi une image du monde, classant et ordonnant celui-ci suivant une méthode faisant appel tour à tour à des associations d’idées, des jeux de mots, des références savantes ou encore des éléments autobiographiques.